Le soufisme égyptien est centré sur l’amour de Dieu, du prophète Muhammad, des saints (awliyâ’), de la famille du Prophète (Ahl al-Bayt) et des cheikhs de nombreux ordres soufis (tarîqa). Certains saints sont célébrés sur le lieu de leurs sanctuaires (maqâm), lors des anniversaires soufis (mawâlid al-sufiyya), commémorant leur mort et leur renaissance dans le monde des esprits. Les plus importantes célébrations, le mawlid de Sidi Ahmad al-Badawî (fondateur de la confrérie Ahmadiyya) à Tanta ou celui d’al-Husayn, le petit-fils du Prophète, au Caire, attirent des millions de personnes des confins du pays. Beaucoup campent dans des tentes offertes par des bienfaiteurs (khidma), qui fournissent tous les éléments d’une généreuse réception. La nuit, les sons des hymnodes amplifiés se mêlent aux chants extatiques sacrés (dhikr). Malgré leur nombre (plus de quinze millions en Égypte), les soufis craignent toujours des actes offensifs de la part de l’islam radical.

Dr Michael Frishkopf,
ethnomusicologue